Qui était Carla Bley ?

28 Juin

École

Quatrième épisode : Carla Bley (1936)

Située au rez-de-chaussée du bâtiment B, la salle Carla Bley (salle B0-01) voit passer de nombreux élèves tout au long de l’année en jazz, histoire et analyse, formation musicale… Mais savez-vous qui se cache derrière son nom ?

L’énigmatique Carla Bley

Carla Bley, née Lovella May Borg, est une pianiste, organiste et compositrice de jazz américaine. Cette musicienne au style assez inclassable est une figure importante du jazz post-bop. Elle a, par ailleurs, travaillé avec des artistes du monde de la pop (Linda Ronstadt…) ou du rock (Jack Bruce, Robert Wyatt, Nick Mason, etc.). Son œuvre la plus connue est l’opéra jazz Escalator over the Hill.

« Rejetant la voie de la facilité, c’est vers les peu mainstream dodécaphonistes viennois (Berg, Webern, Schoenberg) que s’oriente son regard. En un sens, l’inverse du lounge. À cette source d’inspiration peu commune, elle adjoint son amour des boîtes à musique, leurs notes égrenées lentement, entre angoisse et fascination (…). Ainsi que son admiration pour Kurt Weil, le compositeur de « L’Opéra de Quatre Sous ».

Avec le même appétit, la « sorcière du jazz », réinvente le classique big band, lui ajoutant cette touche singulière qui est la sienne sans toutefois en pervertir la structure; rend hommage aux maîtres de Vienne avec l’éblouissant « End of Vienna », innove, dépoussière, amène le jazz vers des territoires inattendus et dangereux. Là où une touche de free – dont elle use aussi parfois sans excès- constituait le nec plus ultra en matière de modernité, elle offre et crée un surprenant éventail de signatures contemporaines, une multitude de voies possibles au futur de cette musique. Quand l’un des styles (dans chacun, elle demeure pourtant parfaitement identifiable) bleyiens se décline tout au long d’un album, on est heureusement surpris. Mais lorsque tous cohabitent au sein d’un même CD, voire d’un même morceau, sans jamais perdre l’unité de l’ensemble, impossible de ne pas être bluffé.

Les premiers opus de son abondante discographie remontent au milieu des années 70. Pourtant, comme beaucoup d’amateurs non exclusifs de l’hexagone, c’est dans les années 80 que je découvris Carla Bley, grâce au film « Mortelle randonnée » de Claude Miller. La bande son était constituée, pour l’essentiel, d’un recyclage d’œuvres de l’album « Musiques mécaniques ». Énorme claque. Ça ne ressemblait à rien de connu. Pourtant, j’avais la bizarre impression d’avoir connu cette musique-là depuis toujours.

 Carla Bley est probablement la seule femme de l’histoire du jazz dont le talent ait relégué celui de son (ex) mari au second plan. Si Paul Bley est loin d’être un artiste mineur, les voies qu’il emprunte sont bien moins innovantes et décapantes que les siennes. Unique également le fait que nombre de ses compositions soient devenues des standards, repris par des légendes masculines du jazz, telles Gary Burton, Art Farmer, Jan Garbarek, Tony Williams, Phil Woods, Jaco Pastorius, John Mac Laughlin et j’en passe… Un tracklisting impressionnant qui dit à lui seul le pouvoir de fascination qu’exerce la créativité sans bornes de cette géante du jazz.« 
Pascal Perrot,

Sources :
http://www.brouillons-de-culture.fr/2018/05/les-grandes-creatrices-du-jazz-chapitre-1-l-enigmatique-carla-bley.html
Wikipedia