Petite histoire de l’ENM
1978/80, Les origines
Si l’école associative Grandclément existait déjà depuis 1977, tout commence véritablement en 1978, avec la rencontre entre le compositeur Antoine Duhamel et Yvon Deschamps, alors directeur des services culturels de Villeurbanne. Tous deux intéressés par un renouveau de l’enseignement musical, ils imaginent une école de musique différente, innovante à l’horizon 1980.
Dans le contexte politique et intellectuel des années 70, où la démocratisation de la culture et de l’enseignement est au cœur des préoccupations, un projet unique en son genre naît de la rencontre de ces deux hommes. Dessiné dans le texte fondateur d’Antoine Duhamel, « des buts nouveaux pour une école de musique », il s’agit d’une Ecole de musique ouverte à tous et pour tous, « ouverte aux 99% de ceux, parfois de tous les âges qui demandent seulement d’avoir le plaisir et les moyens de faire de la musique pour eux, pour leurs amis, et pourquoi pas pour leur ville » avec l’objectif de « donner au plus grand nombre ces occasions multiples et diverses de côtoyer la musique ».
Il souhaite ainsi s’écarter de l’élitisme de nombreux conservatoires de l’époque (sélection sociale, compétition…) et placer la création, l’ouverture et la diversité au cœur de son projet.
Conquise par ces propositions, la municipalité dirigée par Charles Hernu, vote le projet de création de l’école de musique présenté par Jean-Paul Bret, alors adjoint à la culture, lors du conseil municipal du 12 mai 1980.
1980/81, L’ouverture de l’école de musique
En octobre 1980, l’École Municipale de Musique ouvre ses portes au 46 cours de la République. Le bâtiment construit en 1901, autrefois propriété des « Missionnaires de Notre Dame de la Salette » abrita un orphelinat de 1901 au début des années 70.
Dès l’ouverture, l’équipe pédagogique, d’emblée très multi-esthétique, propose différents ateliers musicaux (éveil, séances d’écoute, fabrication d’instruments…), des activités d’ensemble comme les chorales ou les orchestres et enfin de la formation individuelle avec l’enseignement de 13 instruments, du chant et des cours d’écriture-composition.
1980-1985, Les premières années
L’école s’inscrit comme un lieu de pratique collective mais a aussi pour volonté de s’ouvrir vers l’extérieur, d’abord en étendant son champ d’action en direction des groupes scolaires et notamment les quartiers isolés, en diversifiant les esthétiques musicales et en associant d’autres disciplines (« techniques du spectacle »).
Durant cette période s’ouvrent ainsi « L’Atelier de Théâtre Musical et populaire » (1981), un atelier « Musique Rock » en 1982 et « Les Ateliers chansons » (1983). Plusieurs ateliers musicaux sont proposés aux habitants des quartiers des Brosses et Saint Jean.
Les premières réalisations de l’École de musique ne tardent pas à être proposées au public. Dès 1982, l’école participe aux manifestations culturelles de « Villeurbanne en fête » puis plusieurs centaines d’élèves présentent l’opéra « Les Travaux d’Hercule ».
Entre 1980 et 1985, la fréquentation de l’école de musique augmente sensiblement et le nombre d’inscrits est multiplié par 4 (de 300 à 1 400). Cette croissance rapide nécessite adaptations et aménagements.
1985, L’ENM
En 1985, l’établissement obtient le label d’« École Nationale de Musique » délivré par le Ministère de la Culture. L’école structure ses enseignements et adopte un cursus d’étude en trois cycles (de l’initiation à la spécialisation pré-professionnelle). L’école décerne désormais ses propres diplômes et prépare aux concours d’établissements supérieurs.
Appelé à se rationaliser, l’établissement, bâti sur un idéal d’invention et de créativité, souhaite garder son originalité en mettant en avant la diversité de ses enseignements (jazz, rock, chanson, électroacoustique, musiques traditionnelles, classiques, baroques, etc.) et l’innovation dans les pratiques de transmission. C’est dans cette optique qu’est inauguré le 6 octobre 1988, la Master-Box, un studio professionnel de 24 pistes visant à promouvoir et à diffuser les créations de l’école.
Les années 90 et 2000, sous le signe de l’élargissement et du renouvellement
En 1990, le Département et la Ville s’associent pour fonder le Syndicat mixte de Gestion de l’ENM.
L’ENM poursuit la route tracée par son créateur en se dotant de la première classe de musique orientale en France en 1991 et en ouvrant successivement un département danse (2002) et une section théâtre en partenariat avec le théâtre de l’Iris (2007).
Elle intègre par ailleurs en 2000 les activités et les personnels de l’Association pour la musique, instigatrice des ateliers chanson et gestionnaire du studio d’enregistrement.
A partir de 2002, les actions de démocratisation s’intensifient en direction des quartiers : concerts nomades, ateliers de danse et de musique dans les centres sociaux, « orchestres à l’école » dans les groupes scolaires les plus éloignés dans la commune.
En 2005, la ville de Villeurbanne dote l’ENM d’un auditorium en lui attribuant la salle « Gérard Philipe » (située en son sein) aujourd’hui rebaptisée « Antoine Duhamel ». S’ensuit entre 2007-2010 un grand chantier d’extension et de rénovation des locaux de l’école. Cette phase de travaux s’achève en 2011 avec « L’ENM sur son 31 », un festival de 3 semaines visant tout à la fois à inaugurer les nouveaux locaux et à fêter les 30 ans de l’école.
Les différents directeurs
1980-1982 : Antoine Duhamel
1982-1985: Georges Escoffier
1985-1987 : Marc Olivier Dupin
1987-1994 : Christophe Duchêne
1994-1999 : Camille Roy
1999- 2019 : Martial Pardo
2020- : Florent Giraud