Dialectique de la pop : entre produit de consommation et esthétiques aux richesses insoupçonnées

jeu. 20 Fév. 2020

Culture artistique

Conférence

18h - salle Beethoven (ENM)

Intervenante et autrice du livre du même nom : Agnès Gayraud

 
Agnès Gayraud est normalienne, agrégée et docteure en philosophie, professeure d’esthétique à la Villa Arson à Nice. Elle mène en parallèle une vie de musicienne, auteure-compositrice et interprète sous le nom de La Féline. Après une thèse sur Adorno, ennemi radical de la « musique populaire légère », elle poursuit dans ce livre sa réflexion philosophique et dessine, pour la première fois, une véritable esthétique de l’art musical pop.

Tout le monde connaît la pop, la reconnaît, a un avis sur elle. Pourtant, sa singularité artistique et philosophique reste peu interrogée, comme si un tabou pesait sur cette forme musicale née au début du XXe siècle et dont le destin est lié à ses conditions techniques de production et de diffusion.
Son ancrage, essentiel, dans le monde de la phonographie, est généralement interprété comme le trait honteux d’une musique qui aurait cessé d’en être tout à fait une, jusqu’à s’identifier aux « sons du capitalisme » qui déguisent en sucreries auditives les grognements de la bête immonde.
L’enregistrement et ses conséquences auraient avant tout dégradé la musique, altéré ce qui la préservait — imagine-t-on — de la standardisation, jusqu’à produire à la chaîne une forme de musique consommable, accessible à tous, universellement médiocre. Des hits d’ABBA aux hymnes de Beyoncé, la pop serait structurellement inauthentique.
Dans cet ouvrage, Agnès Gayraud se penche sur la profondeur de cette musique longtemps qualifiée de « légère » et cantonnée à un statut d’objet de consommation. Elle y déploie tous ses paradoxes, au cœur des œuvres musicales elles-mêmes, pour révéler les ramifications esthétiques d’une richesse insoupçonnée de ce qui a peut-être été l’art musical le plus important du XXe siècle.